Soutien à l’investissement résidentiel et approvisionnement local des administrations publiques en période post-Covid-19

Le gouvernement du Québec a, comme la communauté internationale et les autres gouvernements provinciaux, réagi à la pandémie de la Covid-19 en adoptant différentes mesures qui ont résulté à la mise « sur pause » de l’économie du Québec. Cette mise sur pause consiste essentiellement à imposer la fermeture des activités et services jugés non essentiels et à inviter les ménages à ne se déplacer que pour satisfaire leurs besoins essentiels. Par ailleurs, des programmes gouvernementaux ont été mis en place pour soutenir le revenu des ménages et pour assurer le maintien de la viabilité des entreprises.

Comme c’est souvent le cas lorsqu’une baisse significative de l’activité économique est observée, les milieux socio-économiques pressent les gouvernements d’élaborer des plans pour « relancer » l’économie du Québec. Notre travail participe aux réflexions concernant les outils que le gouvernement provincial ou les municipalités devraient utiliser dans le cadre d’une telle « relance ». Nous allons en effet chercher à évaluer les effets sur l’activité économique de deux types de politique souvent mentionnée dans les débats relatifs à la « relance » de l’économie, à savoir, un soutien à l’investissement résidentiel et une politique d’approvisionnement local par les administrations publiques provinciales et locales.

Notre analyse des effets d’une politique d’approvisionnement local mise en œuvre par le gouvernement provincial et les municipalités conduit aux conclusions suivantes.

  • Peu importe que nous regardions à court, moyen ou long terme et peu importe le scénario qui prévaut, la diminution des importations engendrée par la politique d’approvisionnement local ne correspond qu’à environ 56% du montant des achats qui seront effectués par les administrations publiques auprès des producteurs québécois plutôt qu’auprès de producteurs étrangers. Cela est dû au fait que
    • pour répondre à cette demande supplémentaire, les producteurs québécois ont besoin de plus d’intrants, ce qui augmente les importations puisqu’une partie de ces intrants sera importée;
    • l’augmentation du revenu des ménages induite par l’accroissement de l’activité économique génère une augmentation de la consommation dont une partie est importée.
  • Peu importe que nous regardions à court, moyen ou long terme et peu importe le scénario qui prévaut, la politique d’approvisionnement local provoque une diminution des exportations réelles.
  • Peu importe que nous regardions à court, moyen ou long terme et peu importe le scénario qui prévaut, la politique d’approvisionnement local sera «  budgétairement neutre » si l’accroissement dans les couts d’approvisionnement n’excède pas de plus de 17% environ les couts initiaux d’approvisionnement. Autrement dit, d’un point de vue budgétaire, il est intéressant de s’approvisionner auprès de producteurs québécois tant que la différence, en pourcentage, entre le prix de leurs produits et celui des produits importés n’excède pas 17%.

Les deux premières conclusions obtenues ne sont que le reflet du fait qu’avec une quantité limitée de ressources humaines et matérielles, le Québec ne peut pas tout produire. Ainsi, l’ouverture des frontières est une nécessité pour la mise en oeuvre efficace d’une politique d’approvisionnement local.

La dernière conclusion énoncée donne une réponse au dilemme devant lequel sont généralement placées les administrations publiques, à savoir, acheter sur les marchés étrangers à un prix inférieur à celui proposé par les producteurs québécois ou acheter auprès de producteurs québécois pour profiter des revenus d’impôt et de taxation qui sont générés par le surcroît de l’activité économique.

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