Priorité à la santé : Les préférences des Québécois en perspective comparée
L’effet combiné de l’augmentation des coûts des soins de santé et des contraintes budgétaires des gouvernements limite les ressources qu’il est possible d’allouer au système de santé. Les gouvernements sont donc face à des arbitrages en ce qui concerne la répartition des fonds publics tant à l’intérieur des systèmes de santé qu’entre différentes fonctions de l’État comme l’éducation, les retraites, le soutien du revenu.
Dans cette étude et à partir de sondages expérimentaux, les auteurs s’intéressent aux préférences des citoyens quant aux arbitrages entre la hausse des coûts de la santé, l’imposition et les autres politiques sociales et à leurs préférences quant à une réorientation des dépenses à l’intérieur du réseau de la santé. Leurs analyses montrent que les Québécois et Québécoises ont tendance à prioriser les dépenses en santé au détriment d’autres politiques publiques et à être très insatisfaits à l’égard du système de santé.
Il existerait un lien clair entre la vulnérabilité à la maladie et les attitudes à l’égard du financement du système de santé. Les personnes âgées, les femmes et les personnes en moins bonne santé priorisent davantage les politiques de santé que les autres répondants, tout particulièrement les soins curatifs qui leur seraient bénéfiques immédiatement, au détriment des soins préventifs. Toutefois, cette demande élevée ne se traduit pas nécessairement par une volonté de payer davantage d’impôts pour soutenir ces nouvelles dépenses publiques. Au contraire.
Les auteurs montrent qu’il existe un conflit idéologique marqué en ce qui concerne les politiques de santé. Les individus qui se positionnent à gauche de l’échiquier politique souhaitent maintenir le caractère public du système, limiter les frais aux usagers, réduire les inégalités reliées à la santé et acceptent de payer davantage d’impôts pour atteindre ces objectifs. Ceux qui se positionnent à droite de l’échiquier préfèrent le contraire. On retient de l’exercice que le niveau de priorisation de la santé est élevé dans l’opinion publique, surtout au Québec.