Priorité à la santé : Les préférences des Québécois en perspective comparée
Ce rapport vise à comprendre les préférences des Québécois en ce qui a trait aux compromis en matière de politiques publiques inhérents à la hausse des dépenses de santé. Il se base sur des sondages expérimentaux permettant d’évaluer l’appui à différentes réformes du réseau de la santé, ainsi que la volonté de payer des citoyens pour une hausse des dépenses de santé, soit via l’impôt, soit via une réduction des autres dépenses publiques. Il comporte trois objectifs principaux, à savoir a) comprendre les préférences des citoyens quant aux arbitrages entre la hausse des coûts de la santé, l’imposition et les autres politiques sociales ; b) comprendre les préférences des citoyens quant à une réorientation des dépenses à l’intérieur du réseau de la santé ; et c) comprendre les lignes de conflit et les coalitions potentielles concernant les solutions à la hausse des coûts de la santé.
Nos résultats indiquent que les Québécois ont tendance à prioriser les dépenses en santé au détriment d’autres politiques publiques et à être très insatisfaits à l’égard du système de santé. Nos analyses révèlent en outre qu’il existe un lien clair entre la vulnérabilité à la maladie et les attitudes à l’égard du financement du système de santé. Les personnes âgées, les femmes et les individus en moins bonne santé priorisent davantage les politiques de santé que les autres répondants, tout particulièrement les soins curatifs qui leur seraient bénéfiques immédiatement, au détriment des soins préventifs. Cette demande élevée ne se traduit pas nécessairement par une volonté de payer davantage d’impôts pour soutenir ces nouvelles dépenses publiques. Au contraire, ces groupes de citoyens sont les moins susceptibles de vouloir payer davantage d’impôts pour financer des dépenses de santé additionnelles.
Contrairement aux résultats de plusieurs études menées précédemment, nos analyses montrent qu’il existe un conflit idéologique marqué en ce qui concerne les politiques de santé. Les individus qui se positionnent à gauche de l’échiquier politique souhaitent maintenir le caractère public du système, limiter les frais aux usagers et réduire les inégalités reliées à la santé. Ils acceptent aussi de payer davantage d’impôts pour atteindre ces objectifs. Les individus qui se positionnent à droite préfèrent le contraire. Nous ne trouvons pas de clivage relié au revenu ou à l’éducation concernant les politiques de santé ; la santé est bel et bien une politique publique appuyée par l’ensemble des classes sociales.