Gestion d’infrastructures technologiques et applicatives par les organisations publiques : Enjeux et pratiques d’évolution et de durabilité

Depuis plusieurs années, les organisations publiques (OP) ont connu de nombreux changements, non seulement dans leurs structures de gouvernance et leurs approches managériales, mais également dans la gestion de leurs infrastructures technologiques et applicatives. Selon plusieurs chercheurs, ces infrastructures jouent un rôle central dans les OP, comme le montrent les importantes ressources financières investies chaque année dans des projets informatiques. Cependant, les constantes et rapides évolutions technologiques engendrent d’importants défis pour les OP qui doivent investir l’argent des contribuables de manière responsable et efficace.

L’objectif du projet de recherche est d’identifier et de documenter les enjeux auxquels sont confrontés les OP en termes de gestion des infrastructures technologiques et applicatives ainsi que les pratiques déployées pour surmonter ces enjeux et optimiser la gestion de ces infrastructures. Plus précisément, le projet focalise sur les pratiques déployées afin de prolonger la durabilité de ces infrastructures ainsi que les moyens utilisés pour faire face aux défis liés à la constante évolution technologique.

Plusieurs défis majeurs identifiés (voir tableau 2) semblent plus spécifiques au domaine public québécois et canadien, tel que ceux rattachés au recrutement et à la rétention des employés et à la complexité de l’intégration de l’infrastructure. Dans le domaine privé, les experts, quant à eux, jugent plus importants les défis portant sur la transformation organisationnelle et la structure de gouvernance. Enfin, la flexibilité et l’agilité de l’infrastructure TI sont une préoccupation à la fois pour le domaine public et privé. De plus, certains défis identifiés comme étant importants pour les experts du domaine privé et académique, comme le piratage et la sécurité des données, ou encore l’évolution rapide des composantes de l’infrastructure TI, ne semblent pas être une préoccupation majeure pour les experts du domaine public.

Au niveau des pratiques/stratégies déployées pour prolonger la durabilité des infrastructures technologiques, il semble y avoir une dichotomie entre celles jugées importantes par les experts du domaine public et celles des domaines privés et académiques. En effet, les résultats montrent que quatre des cinq pratiques/stratégies jugées importantes par les experts du domaine public sont de nature différente de celles privilégiées par les experts des deux autres domaines (voir tableau 3). Les pratiques prioritaires du secteur public sont de nature beaucoup plus opérationnelle et à court terme que celles des experts académiques et du secteur privé. Ceux-ci privilégient des éléments plus stratégiques et ayant une portée à long terme. Par exemple, les experts du domaine public préfèrent favoriser le recours à des technologies standardisées, acquérir du matériel technologique fiable, et virtualiser les serveurs. À l’opposé, les pratiques les plus importantes pour les experts du domaine privé sont centrées sur le développement d’une vision stratégique et l’établissement d’un cadre de gouvernance de l’infrastructure technologique.

Finalement, au niveau des pratiques/stratégies déployées pour anticiper et se préparer aux défis liés à la rapide évolution technologique (voir tableau 4), il semble y avoir un alignement plus important entre les experts des trois domaines. En fait, développer la collaboration entre les TI et les unités d’affaires, recourir à des standards et mettre en place des mécanismes d’amélioration continue sont trois pratiques/stratégies identifiées comme très importantes par l’ensemble des experts. Toutefois, notre étude montre une singularité du domaine public concernant deux pratiques/stratégies : mettre en place des équipes d’architecture et établir une culture et une structure de veille technologique qui n’ont pas été jugées importantes par les experts du domaine public, contrairement à ceux des autres domaines. Encore une fois, il semble que les éléments associés à la vision à long terme soient moins présents du côté du secteur public.

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