Évolution de l'accès à l'emploi et des conditions de travail des immigrants au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique entre 2006 et 2012

Ce rapport brosse un portrait statistique de la situation des immigrants sur le marché du travail au Québec en comparaison avec l'Ontario et la Colombie-Britannique. Nous avons analysé cette situation sous deux angles, quantitatif (taux d'activité et de chômage) et qualitatif (conditions de travail) et ce, sur une période suffisamment longue qui permet de neutraliser les effets conjoncturels et de tirer des conclusions solides. Les données empiriques proviennent de l'Enquête sur la population active (EPA) pour la période 2006-2012 et se rapportent à la population de 15 à 64 ans. Sur le plan quantitatif, nos résultats appuient ceux des études précédentes à l'effet que l'accès à l'emploi est plus difficile pour les immigrants du Québec comparativement à ceux des autres provinces canadiennes, notamment ceux de la Colombie-Britannique. Ils indiquent par surcroît que cette situation est loin d'être temporaire puisque les immigrants du Québec sont confrontés à un taux de chômage élevé à deux chiffres et que ce désavantage se maintient dans le temps. Toutefois, l'analyse des conditions d'emploi vient mettre un bémol sur la bonne performance de la Colombie-Britannique par rapport au Québec au chapitre de l'emploi des immigrants. En effet, cette performance s'expliquerait essentiellement par la plus grande propension des immigrants de la Colombie-Britannique à opter pour l'auto-emploi et à accepter des emplois de moins bonne qualité. Ils sont également relativement plus nombreux à s'appuyer sur leur réseau de parents et amis lors de la recherche d'emploi. En fait, cette province est loin de constituer un modèle d'intégration économique des immigrants en dépit des faibles taux de chômage parmi ceux-ci. Enfin, nous relevons le rôle important que joue le lieu d'obtention du diplôme dans l'accès à l'emploi – surtout au Québec – et dans la qualité de celui-ci. Dans les trois provinces étudiées, les immigrants ayant obtenu leur diplôme en Afrique, en Asie ou dans les Amériques (sauf États-Unis et Canada) sont largement défavorisés. Or, ces régions sont de loin les principales sources d'immigration au Québec et au Canada. Tout compte fait, le Québec – tout comme l'Ontario et la Colombie-Britannique – est loin de tirer le meilleur parti des ressources qu'offre l'immigration. Par conséquent, les gouvernements – provinciaux et fédéral – devront s'attacher davantage à promouvoir la pleine utilisation de ces ressources à travers une participation efficace des immigrants au marché du travail.

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