Les déterminants macroéconomiques de l'épargne québécoise et canadienne – une étude économétrique

Cette étude utilise les techniques de cointégration CCR, FM-MCO, MCOD, et le VECM de Johansen pour trouver les déterminants macroéconomiques de l'épargne canadienne et québécoise entre 1981 et 2010. Trois spécifications de l'épargne sont utilisées : l'épargne en millions $, l'épargne en log naturel et le taux d'épargne personnel. Les variables explicatives provenant de la théorie de la consommation et utilisées dans les estimations sont : la richesse nette, le revenu disponible, le crédit à la consommation, le crédit hypothécaire, les contributions des employés au REER et au RPA, le taux d'intérêt réel, l'inflation, la participation des femmes au marché du travail, et les proportions selon l'âge de la population.

Selon les tests de racine unitaire de Phillips-Perron, la majorité des variables sont soit I(0) soit I(1), mais l'ordre d'intégration des contributions aux régimes de pension privés et des proportions de la population selon l'âge oscille entre stationnaire autour d'une tendance I(1) et I(2). Les trois spécifications de l'épargne sont cointégrées selon le test de cointégration d'Engle-Granger. Le test de Johansen détecte même plusieurs relations de cointégration, c'est ce qui complique beaucoup l'estimation d'un modèle à correction d'erreur.

Selon les élasticités des relations de long terme estimées par les différentes techniques de cointégration, la meilleure spécification pour étudier l'épargne canadienne et québécoise est le taux d'épargne. Un modèle à correction d'erreur de Johansen est alors implémenté pour cette spécification de l'épargne pour le Canada et le Québec.

Les résultats de l'analyse impulsionnelle tirée du modèle canadien indiquent qu'un choc sur la richesse nette ou sur le crédit hypothécaire ou sur le taux d'intérêt réel aurait un impact positif sur le taux d'épargne canadien tandis qu'un choc sur les contributions au REER ou sur la participation des femmes au marché du travail aurait un impact négatif et permanent. Le crédit à la consommation aurait un impact négatif pendant quatre trimestres; ensuite l'impact est positif mais il ne converge pas. L'impact de l'inflation est très petit.

Dans le cas de l'analyse impulsionnelle québécoise, un choc sur la richesse nette ou sur le crédit à la consommation ou sur le crédit hypothécaire ou sur le taux d'intérêt aurait un impact positif et permanent sur le taux d'épargne. Celui des contributions au REER est d'abord positif mais il décroit et devient négatif à partir du 4e trimestre sans converger vers une valeur. Un choc sur la participation des femmes au marché du travail a d'abord un impact négatif; ensuite l'impact converge vers une valeur positive. L'inflation aurait en grande partie un impact positif sur le taux d'épargne.

Il faut noter que les analyses impulsionnelles sont peut-être biaisées et ne sont pas robustes à cause de la difficulté à bien identifier les relations de cointégration dans le modèle à correction d'erreur du Canada et en particulier du Québec.

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