La présélection éducationnelle et la ségrégation professionnelle
Le cas du Québec et de l'Ontario en 1997

Est-ce que dans les années à venir, certains secteurs de l'économie vont se retrouver à manquer de main d'œuvre? Est-il possible d'anticiper la réponse à cette question? Un problème, parmi d'autres, qui pourrait se poser à l'avenir est le fait que les hommes délaissent de plus en plus les études. Quelles sont les conséquences prévisibles de cette situation sur l'offre d'une main d'œuvre qualifiée dans plusieurs domaines scientifiques? Cette question interpelle les concepts de ségrégation éducationnelle et de ségrégation professionnelle. La définition que l'on peut donner de la ségrégation professionnelle est la tendance à établir, en fonction du sexe, des stéréotypes à l'égard de certains emplois « réservés aux femmes ». La ségrégation éducationnelle pourrait être définie de la même manière par la tendance à établir, en fonction du sexe, des stéréotypes à l'égard de certaines formations « réservées aux femmes ». Regarder de plus près le phénomène de la ségrégation éducationnelle et professionnelle au Québec et en Ontario pourrait fournir une ébauche de réponse. Nous trouvons que la ségrégation éducationnelle est plus forte au Québec qu'en Ontario. Il n'y a pas de ségrégation évidente par rapport au niveau de formation atteint, mais elle se manifeste plutôt par rapport au domaine d'étude. Les calculs confirment également un certain nombre de phénomènes connus, à savoir que l'on retrouve plus de femmes dans les domaines d'études et les professions liés à la santé. Il y a également plus d'hommes dans les formations professionnelles techniques et scientifiques à l'université.
En ce qui concerne la ségrégation occupationnelle, elle est également plus forte au Québec qu'en Ontario. On peut remarquer que les professions où l'on retrouve plus d'hommes que de femmes sont celles où le domaine d'étude associé est un domaine où l'on retrouve plus d'hommes que de femmes. Il s'agit des professions techniques et scientifiques. On remarque également le même phénomène pour les professions dominées par les femmes. Il s'agit principalement du domaine de la santé. Y'a-t-il lieu de croire que si rien n'est fait sur ces questions de choix éducationnels et sur la flexibilité du marché du travail québécois que le Québec risque d'être plus désavantagé que l'Ontario si les pénuries de main d'œuvre annoncées dans certains secteurs se manifestent effectivement?
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