Enquête sur certaines pratiques médicales au Québec

Est-ce que les médecins prescrivent plus de tests aujourd'hui ? Est-ce que les médecins prescrivent plus de médicaments qu'avant ? Est-ce que les médecins passent moins de temps qu'avant avec leurs patients ? Est-ce qu'aujourd'hui la crainte de poursuites est telle que les médecins s'assurent du diagnostic en faisant des tests trop nombreux et très coûteux ? Ces questions sont souvent posées lorsque l'on essaye d'expliquer l'augmentation des coûts du système de santé. Certaines sont des « mythes » qu'il faudrait faire tomber. Certaines sont réelles et il faudrait pouvoir les expliquer afin de trouver des solutions.

Nous avons effectué une enquête par questionnaire auprès d'un échantillon représentatif de la population des médecins du Québec pour évaluer les pratiques actuelles.

L'objectif principal de cette enquête était d'analyser certains aspects de la pratique médicale au Québec selon cinq éléments :

• la prescription de tests de laboratoire ou d'examens ;
• la prescription de médicaments ;
• le temps passé avec chaque patient ;
• les éléments consignés au dossier ; et
• la fréquence des consultations avec d'autres collègues.

Nous avions aussi plusieurs objectifs secondaires à l'étude :

• mesurer si la croyance voulant que plusieurs de ces éléments avaient augmenté significativement était avérée et, si oui, quels étaient les motifs de cette augmentation ;
• évaluer dans quelle mesure l'existence de poursuites ou de plaintes, subies par les répondants ou par des collègues dans leur entourage immédiat, avait une influence sur l'augmentation des éléments mesurés ;
• valider si la perception entourant l'existence d'une pratique médicale dite défensive était avérée.

Nous pouvons tracer le portrait global suivant :

• 242 répondants n'ont rapporté aucune augmentation pour quatre des cinq éléments (consultation d'un collègue non comptabilisée dans cette analyse) de la section 1 du questionnaire • 30 répondants déclarent les avoir tous augmentés;
• 123 répondants avaient augmenté trois des quatre éléments;
• 56 répondants avaient augmenté deux des quatre éléments;
• Parmi ceux ayant signalé l'augmentation d'un seul élément, on dénombre : - 78 augmentations du temps pour consigner des informations au dossier;
- 34 augmentations du nombre de médicaments prescrits;
- 30 augmentations du temps consacré au patient;
- 25 augmentations du nombre de tests de laboratoire et examens demandés.

L'enquête que nous avons menée auprès d'un échantillon de médecin du Québec nous a permis de faire une analyse plus poussée des pratiques actuelles concernant la pratique médicale au Québec selon cinq éléments : la prescription de tests de laboratoire ou d'examens ; la prescription de médicaments ; le temps passé avec chaque patient ; les éléments consignés au dossier ; et la fréquence des consultations avec d'autres collègues. Les principaux résultats qui ressortent vont nous permettre d'identifier et de mieux comprendre certains mythes qui sont véhiculés par les professionnels de la santé ou les médias. Le mythe d'une augmentation incontrôlée des tests de laboratoire et examens demandés est réel. Le mythe sur l'existence de nombreuses poursuites demeure. Les patients n'ont pas autant d'influence qu'anticipé sur les décisions médicales. Il n'y a pas d'évidence sur l'existence d'une pratique dite «défensive» mais il y a une tendance à la prudence chez ceux qui ont déjà fait l'objet d'une poursuite (mais pas dans le cas de plaintes). Ce que nous n'avons pas pu mesurer c'est le phénomène relié à l'existence d'une absence de suivi des tests de laboratoire et examens demandés auprès des patients. Est-ce un autre mythe ?

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