Impact de la Prime au travail sur l'effort au travail : une approche expérimentale

Ce rapport présente les résultats d'une expérience en laboratoire simulant l'impact de la Prime au travail introduite en janvier 2005 par le gouvernement du Québec. Plus précisément, il s'agit d'analyser l'effet de cette prime sur l'effort au travail des familles monoparentales et des personnes seules. Les 13 sessions expérimentales ont été réalisées aux Laboratoires Universitaires Bell du CIRANO entre le 11 et le 26 septembre 2006. Le recrutement des 200 participants s'est fait sur la base de l'âge (18-65 ans), la langue (compréhension du français parlé et écrit), la scolarité (12 années de scolarité et moins) et l'aptitude à utiliser un ordinateur. Chaque session est divisée en cinq jeux. À chaque jeu, les participants doivent choisir d'effectuer des tâches à l'aide d'un ordinateur (saisie de données) en se basant sur les gains associés à chaque tâche. Ces rémunérations (contraintes budgétaires) sont différentes pour chaque jeu, puisque chacun d'entre eux simule un régime fiscal différent : “Aide sociale”, “Aide sociale + APPORT” et trois jeux “Aide sociale + Prime au travail” avec une prime de plus en plus généreuse. Deux types d'analyse ont été réalisés : une analyse de l'impact moyen de la prime à l'aide d'un modèle Tobit à effet aléatoire et une analyse structurelle de simulation basée sur un modèle Logit mixte polytomique. Les résultats du Tobit à effet aléatoire montrent que, par rapport au régime “Aide sociale”, la prime de janvier 2005 a un impact négatif mais non significatif sur le nombre de tâches accomplies par les participants.

Le seul impact significativement différent de zéro est obtenu dans le cas de la prime au travail la plus généreuse (-1,122 tâches). Cet effet négatif s'explique par le fait que, sous le régime “Aide sociale”, les choix de la majorité des participants sont tels que leurs revenus se situent dans la région où la prime est décroissante avec le revenu de travail. Quant aux résultats de l'analyse structurelle, ils montrent que, dans le cas des familles monoparentales, l'introduction du régime “Aide sociale + Prime au travail” stimule l'effort au travail (participation + nombres de tâches) des personnes effectuant peu de tâches par jeu (moins de 12 tâches) sous le régime “Aide sociale”. Par contre, on observe un impact désincitatif au travail dans le cas des personnes effectuant un nombre plus élevé de tâches (plus de 13 tâches). Quant au remplacement du programme APPORT par la Prime au travail, il stimule aussi la participation au travail mais réduit l'effort au travail de façon moindre, au-delà de 13 tâches. Dans le cas des personnes seules, l'introduction du régime “Aide sociale + Prime au travail” produit le même type d'effet que dans le cas des familles monoparentales, mais de façon beaucoup plus modeste (car la prime est très faible). Ces résultats sont qualitativement semblables à ceux obtenus par Fortin, Lacroix et Parisé (2007) à l'aide de simulations effectuées à partir d'un modèle micro-économétrique d'offre de travail au Québec en 2002.

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