Réflexions pour la relance du Québec : productivité de la main-d’œuvre, investissements et mutations du commerce international
Ce document de réflexion présente au gouvernement du Québec une série de préconisations pour relancer l’économie à court terme et façonner une économie plus résiliente à moyen et long terme. Le texte s’appuie sur une série de constats suivis de recommandations que nous résumons ici.
Pour la relance, nous recommandons de mieux organiser les aides financières destinées aux travailleurs afin d’éviter de nuire à la reprise de l’activité sur le marché du travail. Il faut également cibler les aides aux entreprises (garanties de prêt) et à l’emploi (subventions salariales) dans les secteurs directement affectés par les mesures de distanciation sociale et où les investissements spécifiques à l’activité de ce secteur sont élevés. De plus, le Québec doit encourager la formation dans les secteurs en situation de pénurie de main-d’œuvre tout en repensant le financement de la formation professionnelle. Afin de protéger les travailleurs les plus âgés, il est également nécessaire de moduler les aides en fonction de l’âge des travailleurs pour favoriser la réallocation sectorielle des travailleurs les moins à risque dans le contexte pandémique actuel.
À court terme, il faut continuer de promouvoir le recours au télétravail comme dispositif de distanciation sociale. Ce changement organisationnel doit également être encouragé car il répond aux aspirations d’une partie des salariés et pourrait être source de gains de productivité pour certaines entreprises. Cependant, une réflexion portant sur le bon usage du télétravail doit être menée afin de se prémunir contre d'éventuels abus et effets pervers. De plus, les conséquences du télétravail sur le développement péri-urbain devront être anticipées par un resserrement des règles d’aménagement du territoire, en particulier dans les zones entourant les régions métropolitaines.
Le Québec, tout comme le Canada d’ailleurs, doivent davantage se saisir des possibilités de diversification des sources d’approvisionnement offertes par le commerce international pour réduire les risques que leur trop grande dépendance vis-à-vis des États-Unis engendre. À cet effet, il est important de poursuivre les efforts de diversification s’agissant de l'origine des produits importés, mais aussi de reconsidérer les chaînes logistiques d’importation afin de réduire la dépendance du Québec et du Canada à l'égard des États-Unis en tant que plateforme logistique. Il serait aussi judicieux d’utiliser le commerce international pour bâtir des stocks de produits jugés essentiels. Ce faisant, le Québec serait en mesure de répondre à des hausses non anticipées de la demande sans avoir nécessairement à produire des biens pour lesquels la province n’a pas d’avantage comparatif.
Pour aider au développement d’une production stratégique dans une économie ouverte, le gouvernement doit répertorier et consolider la production de ressources rares qui offrent des leviers stratégiques importants au Québec à l’international. L’eau douce doit notamment être considérée comme un bien stratégique majeur. A ce titre, il faut renforcer la lutte contre le gaspillage et la pollution des eaux au Québec. Le développement du transport maritime contribuerait à la diversification logistique du commerce canadien et permettrait ainsi de réduire les flux d’importations canadiennes transitant par le voisin du sud. Enfin, le Québec doit profiter de la crise pour encourager la croissance des secteurs plus respectueux de l’environnement, tels que la filière de la production d’hydrogène par électrolyse et celle des véhicules de transport de marchandises à hydrogène pour lesquelles, compte tenu de ses ressources en eau douce, le Québec a un avantage comparatif.