Étude pancanadienne sur les perceptions et les préoccupations de l'industrie agroalimentaire face aux défis de la fraude alimentaire

Avec la collaboration de Samuel Godefroy, Virginie Barrere, Jérémie Théolier et Catherine Dhont

 

Des aliments périmés réemballés, de l’huile végétale ajoutée à de l’huile d’olive, un mélange de craie et de colorant vendu comme du curcuma…la fraude alimentaire est un fléau grandissant de l’industrie agroalimentaire et représente plus que jamais un enjeu actuel qui touche tous les maillons de la chaîne, du producteur au distributeur. 

Afin de mieux connaitre les perceptions et les préoccupations des entreprises de la chaine agroalimentaire envers la fraude, mais aussi de documenter les pratiques utilisées par les différents acteurs en prévention et en détection de la fraude, le CIRANO, en collaboration avec l’INAF (Université Laval) et le CRIBIQ, a réalisé une enquête auprès de 400 entreprises représentatives de l’industrie agroalimentaire au Canada.

Quelques faits saillants :

  • Définition de la fraude et connaissance des réglementations : Au Canada, les acteurs de l’industrie agroalimentaire estiment avoir une très bonne connaissance de la définition de la fraude alimentaire mais une connaissance plutôt faible des règlementations qui l’encadrent. Globalement, les acteurs de la chaine alimentaire se perçoivent tout de même comme assez réglementés et semblent plutôt conscients de leurs responsabilités envers le consommateur final.
  • Perception du risque de fraude : Que l’on parle du risque de fraude alimentaire en termes de quantité de produits fraudés ou de conséquences de la fraude sur la santé ou l’économie, le Canada est perçu par les acteurs de la chaine agroalimentaire comme étant plus à l’abri de la fraude que le reste du monde. Toutefois, l’industrie agroalimentaire au Canada est consciente des conséquences qu’elle peut générer localement. Les entreprises canadiennes sont aussi sensibles au fait qu’elles peuvent être en cause ou victimes de fraude. Le sentiment de sécurité est toutefois hétérogène au sein de la chaine (différences entre les producteurs, les transformateurs et les distributeurs).
  • Pratiques de prévention mises en place par l’industrie : On constate clairement que les pratiques de prévention sont bien connues (68 % des entreprises au Canada rapportent avoir une connaissance moyenne à très élevée de celles-ci); en parallèle les pratiques de détection sont, elles, moins connues et moins mises en place alors qu’elles sont perçues comme étant efficaces. En termes de mesures de prévention, les systèmes de traçabilité de la chaine d’approvisionnement semblent être la pratique de choix retenue par les entreprises pour prévenir la fraude.

En conclusion, les résultats de cette étude, couplées aux cas de plus en plus fréquents de fraude révélés dans les médias, mettent en lumière la nécessité de communiquer davantage sur la fraude alimentaire. D’ailleurs, cette nécessité est également plébiscitée par les acteurs de la chaine agroalimentaire eux-mêmes qui considèrent que la fraude est un enjeu qui n’est encore pas suffisamment abordé, surtout à l’externe de l’entreprise, c’est-à-dire par l’industrie agroalimentaire elle-même mais aussi par le gouvernement et par l’opinion publique.

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