Le prix unique du livre – leçons à tirer de l'expérience dans différents pays européens
La réflexion sur la protection du livre en tant que véhicule de la culture doit englober les nouvelles façons de produire et de distribuer des contenus à lire que les consommateurs traitent comme des substituts au livre. Cette protection s'articule en cinq objectifs plus précis : la diversité, la diffusion territoriale, le prix abordable, le conseil au lecteur et la participation du public. Le marché du livre, comme d'autres industries, vit une vague d'innovations visant la réduction des coûts par la recherche des rendements d'échelle et des avances techniques.
La vague d'innovations et la concurrence qui s'ensuit touchent notamment les librairies indépendantes. Une politique de prix unique du livre peut aménager un peu, mais non arrêter, la concurrence faite aux librairies indépendantes. Elle aurait, en théorie, le potentiel d'assurer aux librairies indépendantes les revenus leur permettant d'assurer un large assortiment de livres. Rien n'assure cependant en pratique que la marge bénéficiaire, si elle existe, soit effectivement employée à cette fin.
Une politique de prix unique du livre aurait dans l'immédiat l'effet de réduire la concurrence par les prix, véhicule principal d'entrée des innovations dans le marché. Si le Québec voulait s'inspirer en cette matière de l'expérience vécue ailleurs, il aurait intérêt à s'aligner sur des pays dont les caractéristiques ressemblent aux siennes : la Belgique et la Suisse, comme petits pays partageant une grande culture avec de gros voisins; les pays scandinaves, qui doivent faire face aux grandes distances en diffusant leurs valeurs culturelles au sein de petites populations. Ces pays, sauf la Norvège, n'ont pas opté pour le modèle du prix unique pour la protection du livre.
Ce texte indique les enjeux d'une politique du prix unique du livre. Aux politiciens de décider comment les enjeux doivent être pesés et la décision prise.