Autonomie alimentaire et volatilité des prix : une comparaison internationale
La pandémie mondiale a forcé les dirigeants politiques ainsi que la population à faire une introspection et à se questionner sur l’efficacité et la solidité des fondations de notre système d’approvisionnement alimentaire. Dans ce contexte hors du commun, l’un des enjeux qui a rapidement été soulevé est celui de l’autonomie alimentaire. Est-ce que l’autonomie alimentaire peut jouer un rôle en tant que mécanisme d’auto-assurance contre des chocs mondiaux sur la demande ou l’offre de produits alimentaires à l’échelle internationale ?
L’intuition de base est que ces chocs affectent les prix internationaux et qu’il est possible de se soustraire ou de s’isoler partiellement de ces chocs en produisant localement. Cette étude propose donc à travers une approche rigoureuse et basée sur des données probantes, une amorce d’analyses statistiques/économétriques de l’autonomie alimentaire en tant que mécanisme d’autoassurance, et une comparaison du rôle de cette autonomie alimentaire pour trois régions/pays : le Québec, le Canada et la France. Les auteurs ont utilisé deux approches économétriques différentes : des régressions utilisant une forme réduite et une méthode d’estimation empruntée à la finance de marchés.
Les résultats obtenus, peu importe la stratégie d’estimation utilisée, ne sont pas concluants. Si l’autonomie alimentaire semble parfois jouer un rôle d’autoassurance, notamment au Québec, ce rôle est loin d’être universel ou répandu à l’échelle internationale. Aussi, bien que les résultats montrent généralement que le degré d’autonomie alimentaire est associé à une corrélation plus faible entre l’inflation locale et l’inflation mondiale, ils ne sont pas significatifs.
Les résultats des estimations ne permettent donc pas de conclure au fort potentiel de l’autonomie alimentaire en tant que mécanisme d’autoassurance. Probablement qu’une stratégie de diversification des chaînes d’approvisionnement (incluant la production locale) serait désirable, mais qu’il est important de conserver les sources étrangères d’approvisionnement.