Libération conditionnelle, réinsertion sociale et récidive criminelle

Au Québec, les contrevenants condamnés à plus de six mois sont admissibles à la libération conditionnelle une fois qu’ils ont purgé un tiers de leur peine d’incarcération. Or, environ la moitié des contrevenants admissibles choisissent de renoncer à leur droit de se présenter à une audience pour libération conditionnelle. Pourquoi ?

En s’appuyant sur des stratégies empiriques robustes et novatrices et un riche ensemble de données sur des milliers de contrevenants au Québec, les auteurs identifient les principaux déterminants du choix de renoncer au droit de se présenter à une audience pour libération conditionnelle. Leurs analyses révèlent que la renonciation est fortement influencée par les caractéristiques individuelles du détenu, son profil criminogène et la nature du crime commis. L’étude montre également que les détenus qui renoncent à une audience
auraient vraisemblablement eu davantage de conditions à respecter que ceux qui ont été effectivement libérés sous conditions.

Les auteurs s’intéressent aussi à l’effet causal de la libération conditionnelle sur la récidive criminelle en focalisant sur la récidive des individus « à la marge », c’est-à-dire les individus pour lesquels l’octroi de la libération était surtout déterminé par l’historique des décisions des commissaires devant lesquels ils devaient se présenter. Pour ces individus, la libération conditionnelle permet de réduire à la fois le temps d'incarcération actuel et futur de ces individus, tout en diminuant la probabilité de récidive dans les cinq années suivant leur libération.

Bien qu’il y ait de plus en plus de données probantes suggérant que la libération conditionnelle peut prévenir la récidive, on connait mal les contextes dans lesquels elle est appropriée et les pratiques de libération qui garantissent son succès. Cette étude est la seule étude menée au Québec qui fournit une compréhension approfondie des mécanismes à l’œuvre et permet de tirer des conclusions robustes. L’étude s’appuie sur des données administratives exclusives provenant du ministère de la Sécurité publique sur plus de dix ans et sur les méthodes de régressions multivariées et d'apprentissage automatique.

[ - ]
[ + ]